jeudi 9 décembre 2010

Du couscous ou du béton ?


Et non, il ne s'agit pas d'un article sur la cuisine marocaine ou le BTP mais d'une invitation à voir l'excellent film de Coline Serreau : Solutions locales pour un désordre globale.

Du couscous ou du béton ?

Vous y retrouverez une analyse lumineuse de l'aberration des révolutions vertes et agricoles récentes (depuis 50 ans) où les paysans, pris au piège par les firmes de l'agrobusiness, les vendeurs d'engrais, de semences, d'ogm, de phytosanitaires....et les consommateurs (même si ce dernier point n'est pas dans le film), ont perdu leurs savoir-faire et leur indépendance. Ces différentes causes, illustrés par de nombreux témoignages au Brésil, en Inde, en Ukraine et en Europe nous aide à mieux saisir l'impasse actuelle du système tant au niveau social (exode rural et migrations), économique (paupérisation des paysans),environnemental (appauvrissement des sols, perte de la biodiversité...) que sanitaire (Pierre Rhabi "avant quand on passait à table on se souhaitait "bonne appétit" maintenant c'est "bonne chance"" ).

Du couscous ou du béton ?

On comprend mieux, pour ceux qui ne s'en étaient pas encore rendu compte, pourquoi adhérer à l'AMAP FMR et faire son panier de légumes tous les mardis constitue un acte profondément politique et révolutionnaire. Et oui ! Pierre Rhabi, Serge Latouche et tous les spécialistes de l'agroécologie, de la biodynamie et de l'agronomie le disent dans ce film : consommez local et bio !

Du couscous et du béton ?

Coline Serreau prend le temps de décortiquer deux aspects étonnant de la production agricole dans le film : Le sol et les semences.
L'asso Kokopelli nous présente, tout d'abord, ses travaux et projets face à la folie des semenciers qui poussent les agrimanagers (on ne dit plus paysan) à utiliser des variétés de moins en moins nombreuses mais très productives à conditions de fournir à la toque de "médicaments" (contre les champignons, les insectes, les mauvaises herbes), d'engrais et de raccourcissants (car les plantes ont trop poussé avec les engrais). L'association sauve, conserve et multiplie les variétés anciennes de concombre, aubergines ou tomates...
Pour le sol ensuite, c'est M Bourguignon (voir vidéos pour les fans après l'article), le pape de l'humus et du complexe argilo humique, qui témoigne de l'appauvrissement des sols suite à l'utilisation excessive du labour et des phytosanitaire. Contrairement au dogme ,très masculin, du "un labour n'est jamais assez profond", il préfère celui du semi direct et encourage l'agrosylvopastoralisme. Ah! j'ai réussi à le placer ! Cela veut simplement dire des forêts, des champs et des animaux. Et si on laisse travailler les lombrics et autres bestioles, avec des apports de matières organiques (fumiers, végétaux)le sol ressemblera davantage à du beau et bon couscous qu'à du béton stérile et triste. On est d'accord ?

Vincent